La rentrée complexe du CPF et de la formation professionnelle

La rentrée complexe du CPF

Même si la formation professionnelle doit contribuer, selon le gouvernement, à atteindre le plein emploi, elle devrait être encadrée de manière plus rigoureuse.  Une évolution qui pourrait heurter une partie des actifs, attachés désormais à la liberté de choix inhérente au CPF. 

Le Compte personnel de formation, un succès incontestable ….

Avec la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de 2018, le gouvernement espérait sensibiliser et mobiliser tous les actifs, afin qu’ils reprennent leur place centrale de leur parcours de formation. Tout en laissant aux entreprises le soin de développer leur propre programme de développement des compétences, le gouvernement entendait permettre à chacun de renforcer son employabilité mais aussi d’initier tout projet de reconversion professionnelle.

La crise sanitaire, qui a frappé la planète entière, a engendré une accélération de cette appropriation. 5 ans après l’adoption de cette loi, le Compte Personnel de Formation (CPF) attire la convoitise de bon   nombre de pays occidentaux, tout en prouvant de son efficacité. Le pari est réussi, puisque la mobilisation du CPF est devenue une habitude pour une grande partie des actifs. Les résultats obtenus dépassent même les objectifs fixés, à un tel point que de nombreuses mises en garde sont adressées au gouvernement en la matière. 

… et un avenir menacé par son …succès !

C’est un e des conclusions de la note d’études et de synthèse qu’a publié la Cour des Comptes au début de l’été (06 juillet). Les hauts magistrats alertent en effet des dangers   existants suite à la multiplication des dispositifs adoptés  au bénéfice de la  formation continue et de l’alternance. Les auteurs de cette étude soulignent une “très forte dynamique de la dépense”, pouvant mettre en danger l’avenir même de ces dispositifs.

En 2022, ce sont ainsi près de 22 milliards d’euros qui ont été consacrés à la formation professionnelle et à l’alternance. Si les efforts consentis par l’apprentissage (16.8 milliards  d’euros) peuvent être con sidérés comme un investissement, les hauts magistrats s’inquiètent des 2.5 milliards d’euros dépensés pour le compte personnel de formation. Certes, l’étude souligne le succès populaire de ce compte individuel de formation, en  identifiant plus de 2.05 millions de CPF actifs en 2022. 

La monétarisation du CPF (traditionnellement, ce dernier était crédité en nombre d’heures et n on pas en euros comme aujourd’hui) pour les actifs (à l’exception des fonctionnaires) peut expliquer ce dérapage dangereux évoqué par la Cour des Comptes. Si l’étude souligne que les objectifs quantitatifs ont été largement atteints, l’objectif originel et principal (la montée en compétences des salariés) de ce CPF reste quant à lui encore trop éloigné des résultats obtenus. 

Une rentrée 2023 sous tension pour le CPF et la formation professionnelle 

Pour attester de leur raisonnement, les auteurs de l’étude rappellent  qu’en 2022, seule une action de formation sur 8 visait un diplôme, un titre professionnel ou un certificat de  qualification professionnelle. Les autres actions concernaient principalement la préparation au permis de conduire, des cours de langue ou des bilans de compétences. La Cour des Comptes constate l’inadéquation entre cette grande majorité de formations dispensées (7 sur 8) et les attentes des entreprises.

Non seulement, les dépenses explosent alertent les magistrats de la rue Cambon, mais elles ne favorisent pas cette montée en compétences, espérée être un levier pour atteindre le plein emploi. Forts de ce constat, les auteurs recommandent au gouvernement de “développer désormais les achats de formations permettant d’améliorer le niveau de qualification des actifs et de faciliter les transitions professionnelles”.

L’étude conclut ainsi à l’urgence d’instaurer un reste à charge pour toute mobilisation du CPF (un reste à charge à moduler en fonction de la « pertinence » des actions de formation choisies). Ambitieux de redresser les compotes publics, le gouvernement   pourrait faire droit à cette demande, soutenue depuis des semaines par les entreprises elles-mêmes. Il reste à savoir, comment les actifs percevraient une telle remise en cause de la principale caractéristique du Compte Personnel de Formation : la liberté.

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