Vers une nouvelle réforme du Compte personnel de formation ?

Vers une nouvelle réforme du Compte personnel de formation

Si la réforme de 2018 a rendu le CPF plus mobilisable, la pandémie de coronavirus a accéléré le déploiement et le succès de ce dernier. Le succès est tel qu’il impose (déjà) une nouvelle réforme, nécessitant de faire évoluer ce qui a fait le succès si rapide de ce nouveau dispositif de formation continue. 

La réussite de la démocratisation de la formation professionnelle continue 

Qui se souvient des débuts poussifs du Compte personnel de formation (CPF), lorsqu’il succéda au Droit Individuel à la Formation (DIF) Qui garde la mémoire du Congé Individuel de Formation (CIF) remplacé par le CPF de transition devenu le projet de transition professionnelle (PTP) ? Les acronymes ont changé, et le gouvernement a souhaité depuis rendre le dispositif plus compréhensible et plus facilement mobilisable.

C’était tout l’objectif de la réforme engagée en 2018 avec la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel. Le compte de chaque actif français a été converti en euros pour le rendre plus facilement visible, et les règles d’alimentation de ce CPF ont été définis plus précisément.

Une application mobile a été lancée pour permettre à tout un chacun de choisir, s’inscrire et payer son action de formation en un clic. Les résultats sont à la hauteur des efforts déployés, comme le souligne la Cour des Comptes dans un rapport rendu public le 29 juin dernier. Les magistrats soulignent ainsi :

« le recours au CPF s’est fortement accru, au-delà des attentes, depuis septembre 2020, le nombre annuel de dossiers passant d’environ 500 000 à 600 000 avant la réforme à plus de deux millions dès 2021 »

Le succès de la formation professionnelle continue appelle à une nouvelle réforme ? 

Le CPF, mais aussi dans une moindre mesure le CPF de transition, serait ainsi victime de son succès. Avec plus de 21 millions de comptes activés à la fin mars 2023, le CPF aurait donc conquis les Françaises et les Français. Seulement depuis quelques mois, certains observateurs soulignent l’existence d’une inadéquation entre les formations professionnelles dispensées aux apprenants et les formations continues, nécessaires pour répondre aux attentes des acteurs économiques.

En d’autres termes, le manque de compétences dans certains secteurs d’activité ne serait pas comblé, alors que dans le même temps des actions de formation jugées non « utiles » ou « non profitables » à la productivité française seraient dispensées. Le gouvernement réfléchir à des correctifs d’autant plus qu’il défend un retour au plein emploi dans un avenir proche. 

Il faut donc satisfaire aux attentes des entreprises et inciter les salariés et plus généralement les actifs à s’orienter vers des formations continues plus prometteuses en termes d’employabilité. 

Une plus grande place  aux entreprises ou une participation financière des salariés ? 

La Cour des Comptes souligne elle-aussi ce dysfonctionnement, en évaluant les coûts faramineux que cela représente. La réforme du CPF est donc à l’ordre du jour des prochains mois, même si le gouvernement ne dispose pas d’une grande marge de manœuvre. Deux grandes options restent envisageables à ce jour. D’un côté, certains proposent que les entreprises disposent à l’avenir d’un pouvoir plus important dans le choix des formations.

Elles pourraient ainsi co-construire avec les salariés les parcours de formation. Il reste à savoir quels seraient les moyens pour accompagner le dispositif (coercition, incitation, …) d’autant plus que ce mécanisme existe déjà avec le plan de développement des compétences. Pour d’autres, dans lesquels on retrouve les hauts magistrats, la solution serait de taxer ces formations jugées non prioritaires, en imposant un reste à charge (à ce stade, le niveau de 30 % du coût de la formation est avancé) aux salariés. 

Dans les deux cas, le principe de la liberté de choix est battu en brèches et on imagine aisément que la facilité d’utilisation sera également mise en difficultés. En d’autres termes, les atouts su succès de ce CPF sont appelés non pas à disparaître mais à être plus rigoureusement encadrés.  La réponse devrait intervenir avant la fin de cette année 2023, la formation professionnelle faisant partie des leviers mobilisables pour atteindre le plein emploi avant la fin du second quinquennat d’Emmanuel Macron.

Laisser un commentaire