Parmi les mesures accompagnant l’instauration du CPF de transition et l’application du Compte personnel de Formation nouvelle génération, la disparition des OPCA a suscité de nombreux débats. Depuis quelques semaines, les nouveaux opérateurs de compétences sont connus et leur mission s’annonce ambitieuse et délicate.
Des OPCA aux OPCO, bien plus qu’un simple changement d’acronyme
La réforme du compte personnel de formation et plus généralement la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 05 septembre 2018 a engendré une réorganisation complète des acteurs en charge de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Ainsi, depuis le 31 décembre 2018, l’agréement des 20 OPCA, organismes paritaires chargés notamment de la collecte des fonds, a été suspendue. Les OPCA (Opérateurs paritaires collecteurs agréés) disparaissent donc au profit des OPCO (Opérateurs de compétences) et cette évolution ne se limite pas à un changement d’acronyme. Les OPCO ne seront plus responsables de la collecte des fonds pour la formation professionnelle et l’apprentissage auprès des entreprises. Cette entreprise sera dévolue à l’URSAFF au plus tard à partir du 1er janvier 2021. Comme il est présenté ci-dessous, de nouvelles missions sont assignées à ces opérateurs de compétences, qui se trouvent néanmoins privés d’un atout essentiel des OPCA : la communication avec les entreprises. En effet, en retirant la collecte des fonds à ces nouveaux opérateurs, les autorités publiques les privent d’un moyen de s’informer et de recueillir les attentes en matière de formation. Une perte, qui obligera, dans les mois à venir, ces nouveaux opérateurs à imaginer de nouvelles formes de dialogues, afin de pouvoir remplir leurs missions.
De nouvelles missions nées d’une évolution imaginée en fonction des filières professionnelles
Dans l’esprit de la réforme de la formation professionnelle, les OPCO se voient donc attribuer de nouvelles missions. Pour passer de 20 OPCA à ces 11 OPCO, les autorités publiques ont privilégié une approche par filières, expliquant la réduction du nombre d’opérateurs. A ce titre, les nouveaux opérateurs de compétences ont de nouvelles missions, plus marquées dans l’assistance, qu’ils peuvent apporter aux entreprises et aux futurs apprentis. Il leur appartiendra d’accompagner les entreprises, et notamment les petites et moyennes entreprises, dans l’élaboration de leur plan de développement des compétences. Ces nouveaux organismes endossent un rôle plus important en ce qui concerne les certifications au nveau des branches professionnelles. Enfin, les OPCO devront à terme se substituer aux régions pour renforcer le développement de l’apprentissage en général et des Centres de Formation des Apprentis (CFA) en particulier.
La liste des 11 OPCO agréés (publication au Journal Officiel du 31/03/2019)
C’est en regroupant les branches professionnelles autour d’un OPCO désigné, que le gouvernement a voulu rendre plus efficient ces opérateurs chargés, entre autre, de la bonne application du CPF. Comme l’explique le ministère du travail, le regroupement de ces 329 branches professionnelles s’est effectué en s’appuyant sur les critères de cohérence des métiers et des compétences, de filières, d’enjeux communs de compétences, de formation, de mobilité, de services de proximité et de besoins des entreprises.
1. OPCO Commerce (vente, négoce, commerce de détail et de gros…)
2. Atlas (banque, assurance, finances)
3. Santé (hospitalisation, établissements médico-sociaux…)
4. AFDAS (presse, édition, cinéma, casino, musique, spectacle vivant, sport, tourisme, radio, audiovisuel, télécommunication…)
5. Cohésion sociale (centres socio-culturels, insertion, régie de quartier, HLM,…)
6. Entreprises de proximité (artisanat, professions libérales…)
7. Entreprises et salariés des services à forte intensité de main-d’œuvre (chaînes de restaurants, portage salarial, enseignement privé, restauration rapide, déchets, travail temporaire…
8. OCAPIAT (entreprises et exploitations agricoles, acteurs du territoire, secteur alimentaire…)
9. OPCO 2i (industrie, métallurgie, textile…)
10. Construction (BTP)
11. Mobilité (ferroviaire, maritime, automobile, transport de voyageurs…)
Si les OPCO sont désormais désignés, ils doivent désormais s’atteler à cette période de transition, en se préparant perdre leur mission de collecte, et de nombreuses questions se posent quant à l’efficacité de leurs actions, quand ils seront privés de cette collecte. Le succès du compte personnel de formation nouvelle génération dépendra aussi de leur capacité à anticiper les besoins des entreprises en termes de formation professionnelle notamment.
Et vous, comprenez-vous ce changement d’organismes collecteurs à organismes de compétences ?