Le compte personnel de formation a 10 ans, l’occasion de s’interroger sur l’avenir de ce dispositif, que bien des pays envient à la France.
Depuis 10 ans, le paysage de la formation professionnelle a profondément changé. Le Compte Personnel de Formation fête donc son 10ème anniversaire, et force est de constater qu’il a répondu aux attentes des actifs de France. Aujourd’hui, si l’efficacité du dispositif n’est plus à démontrer, les pouvoirs publics comme les entreprises cherchent à renforcer son efficience. Répondre aux besoins croissants de compétences fait partie des objectifs assignés au CPF pour les prochaines années, avec un autre engagement à tenir : ne pas remettre en cause la liberté de choisir pour les actifs.
Le CPF en 2025, ; un dixième anniversaire pour se projeter dans l’avenir de la formation continue
Le Compte Personnel de Formation (CPF) a été créé par la loi du 05 mars 2014 pour une entrée en vigueur en 2015. Cela fait donc 10 ans, que ce CPF ambitionne de replacer l’apprenant et les actifs au centre de toutes les stratégies de formation continue. Tous les actifs disposaient alors de droits rechargeables, même en cas de changement d’employeurs et / ou de situation. En 10 ans, ce dispositif a connu de nombreuses évolutions, parmi lesquelles la monétarisation ( à partir de 2019) apparaît être majeure. En convertissant les droits des actifs en un solde monétaire, les pouvoirs publics ont ainsi donné davantage de lisibilité aux actifs. Cela s’est doublé de la mise en ligne d’un site et d’une application mobile, permettant de choisir, s’inscrire et payer son action de formation en un seul clic. Dans le même temps, les pouvoirs publics ont multiplié les dispositifs pour répondre à toutes les situations, depuis le bilan de compétences jusqu’à la validation des acquis de l’expérience (VAE).
Un succès à conforter pour renforcer l’efficacité de la formation professionnelle
Toujours est-il, que le compte personnel de formation connait un succès incontestable. Pour le vérifier, il suffit de consulter les données communiquées par la Caisse des dépôts, chargée de gérer les fonds recueillis et investis dans ces dispositifs de formation continue. Depuis son lancement en 2015, le CPF a permis 9.7 millions de formations pour une dépense totale de 15.8 milliards d’euros. Autant dire, que le dispositif, envié désormais par de nombreux pays européens, a donc répondu aux attentes et aux besoins des Françaises et des Français. Autre preuve de ce succès croissant, la multiplication des fraudes au CPF, une augmentation qui a conduit les pouvoirs publics à durcir les contrôles en tout genre (Un nouveau décret a été publié le 31 décembre 2024). Garantir la qualité des organismes de formation et la pertinence des actions de formation envisagées a conduit le gouvernement a adopté un label, indispensable pour pouvoir bénéficier des fonds fléchés CPF : le label Qualiopi.
L’avenir du CPF à l’heure d’un besoin pressant en compétences
Enfin, 2024 aura aussi marqué une évolution majeure pour le CPF : la mise en place d’une participation forfaitaire (initialement de 100 €) en mai 2024. Destiné à assurer la pérennité des comptes gérés par la Caisse des Dépôts, ce « ticket modérateur » n’est pas applicable pour les demandeurs d’emplois et / ou pour les salariés ayant « coconstruit » leur parcours de formation avec leur employeur.
Car la France manque de compétences dans certains secteurs d’activité, et les pouvoirs publics ambitionnent combler une partie de cette pénurie grâce au CPF. La Ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnelle entre 2022 à 2024, Carole Grandjean reconnaissait ainsi : « A la main du salarié, le CPF est néanmoins encore trop orienté sur des formations de courte durée dont la plus-value pour le parcours professionnel des actifs n’est pas suffisamment avérée ».
C’est pourquoi l’avenir du Compte Personnel de Formation passe nécessairement par le développement de ces cofinancements, qui doivent répondre aux attentes des apprenants d’une part et satisfaire aux attentes des métiers en tension d’autre part. Si les entreprises sont alors incitées à identifier les compétences dont elles ont besoin, les actifs, eux, doivent se rassurer quant à la liberté de leur choix. En effet, Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du travail et de l’emploi a ainsi déclaré, à l’occasion de ce 10ème anniversaire que si tout était fait pour « mieux répondre aux besoins des entreprises », les efforts en la matière seraient orientés pour ne pas « supprimer son essence originelle, la liberté de choisir son avenir professionnel ».