Le reste à charge du CPF pour redonner le pouvoir aux …entreprises ?
L’instauration d’un reste à charge pour toute action de formation éligible au CPF a plusieurs impacts. Notamment en redonnant un certain pouvoir aux DRH et entreprises. Pourquoi ? Comment ?
Une entorse au principe de la « liberté de choisir son avenir professionnelle » ?
La loi pour la « liberté de choisir son avenir professionnelle » avait profondément transformé le Compte Personnel de Formation (CPF). Rappelons qu’à l’origine, ce CPF monétarisé pour plus de clarté et de simplicité pour les actifs, devait offrir la possibilité aux actifs de choisis, s’inscrire et payer son action de formation en quelques clics seulement. Mais depuis le 2 mai dernier, les règles ont quelque peu changé puisqu’un reste à charge a été instauré pour tous les demandeurs : 100 € par formation. L’objectif répond exclusivement à une logique économique, visant à limiter le dérapage des dépenses en matière de formation professionnelle, sans remettre en cause la nécessité d’accompagner tous les actifs à se former pour pouvoir répondre aux attentes des entreprises. Cette instauration d’un reste à charge pour le CPF vise donc un double objectif :
- Responsabiliser les demandeurs, en les incitant à prioriser les actions de formation utiles à leur parcours professionnel,
- Optimiser la gestion des ressources financières de l’Etat allouées à la formation professionnelle continue.
Qui est concerné par le reste à charge lors de la mobilisation du CPF ?
Ce reste à charge est applicable à tous les actifs à l’exception des :
- Demandeurs d’emplois,
- Des demandeurs, bénéficiant d’un abondement de leur employeur,
- Des apprenants engagés dans un processus de reconversion professionnelle,
- Des demandeurs, ayant mobilisé les droits acquis sur leur compte personnel de prévention.
Une participation financière pour renforcer l’efficience de la stratégie de formation continue ?
Les débats sont nombreux autour de cette question. Certains acteurs soulignent les atouts d’un tel reste à charge, qui incite les actifs à se montrer bien plus exigeants et sélectifs dans le choix de leur parcours de formation. Les finalités de cette formation continue -renforcer l’employabilité, acquisition des nouvelles compétences nécessaires au plein emploi (transformation numérique, transition écologique, …), … – retrouvent ainsi tout leur sens. Enfin, en permettant aux entreprises d’abonder les CPF de leurs collaborateurs tout en leur assurant de les dispenser de ce reste à charge, la mesure conduit à redonner une place stratégique aux entreprises. Elles sont incitées à optimiser leur stratégie de formation, tant dans l’élaboration de leur plan de développement des compétences que dans le choix des abondements, qu’elles décident de réaliser. Cela préfigure une nouvelle étape sur le marché de la formation professionnelle continue, celle de la comparaison. Les actifs seront plus regardants avant de débourser 100 €, en estimant qu’il faut que cette dépense vaille la peine. Certains veulent y voir une opportunité de voir la qualité des formations se renforcer. D’un autre côté, certains soulignent enfin que ce sont les formations les plus courtes qui seront probablement le plus impactées par cette instauration d’un reste à charge ; les formations plus longues, comme la reprise d’études en e-learning, devraient être moins impactées. C’est la position de la fédération « Les acteurs de la compétence », regroupant plus de 1400 acteurs de la formation continue. Cette fédération estime aussi que « le reste à charge risque d’inciter les bénéficiaires à informer leur entreprise pour obtenir un abondement. » Après la liberté totale des demandeuses et demandeurs, c’est donc un retour de l’entreprise au centre des stratégies de formation.